En pleine escalade entre Israël et l’Iran, la menace de fermer le détroit d’Ormuz suscite des inquiétudes sur l’approvisionnement mondial en pétrole et gaz liquéfié. Passage stratégique entre le Golfe et l’océan Indien, il est vital pour les exportations du Qatar et des monarchies du Golfe. Conséquence : les prix de l’essence pourraient s’envoler.
Un passage stratégique au cœur de l’économie mondialisée
Le détroit d’Ormuz relie le Golfe arabo-persique au golfe d’Oman, bordé par l’Iran au nord et Oman au sud, sur environ 63 km — certains points se rétrécissent à 33 km seulement. Il est le passage obligé de près de 20 % du pétrole mondial (environ 20 millions de barils par jour) et de 20 % du commerce mondial de gaz liquéfié (LNG) . Les pays du Golfe (Arabie saoudite, Émirats, Koweït, Qatar, Irak, Iran) en dépendent pour exporter hydrocarbures, notamment vers l’Asie (Chine, Inde, Japon, Corée). Un trafic intensif s’y concentre : près de 30 000 navires transitent chaque année, dont une quinzaine de VLCC (très gros pétroliers) par jour. Le Qatar, via ses méthaniers, exploite l’importance du détroit pour acheminer son gaz liquéfié vers ses marchés clés.
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Depuis l’escalade des attaques israéliennes contre des sites iraniens et les ripostes iraniennes, la menace de fermer Ormuz se retrouve au cœur des tensions. Un ancien ministre iranien a proposé d’instaurer un contrôle strict des passages maritimes pour 100 jours. De telles annonces font craindre une disruption possible, bien que cette stratégie ait un coût élevé pour l’Iran.L’histoire regorge d’incidents récents : collisions de pétroliers, navigation entravée, brouillages GPS, piraterie . Depuis 2025, l’installation de bases militaires iraniennes et américaines dans la région renforce encore les tensions.
Conséquences immédiates pour les marchés de l’énergie
La réaction des marchés a été rapide : +8 % du prix du Brent, à près de 75–78 $/baril, et +11 % des contrats US (WTI). Plusieurs analystes, notamment de Morgan Stanley ou Rabobank, pointent la possibilité d’un baril à 100–150 $ en cas de blocage complet.Les taux de fret des VLCC entre Golfe et Chine ont grimpé de 40 %, signe que les armateurs anticipent un risque majeur. Certains, comme Frontline, ont cessé de prendre de nouveaux contrats. Ces coûts peuvent se répercuter sur les consommateurs, notamment via les carburants.
Impact sur l’essence et le gaz naturel
Les carburants à la pompe devraient voir leurs prix augmenter dans les jours à venir. En Europe, déjà confrontée à l’inflation, les hausses du Brent à +13 % en quelques heures inquiètent les autorités. Pour les États-Unis, des hausses modérées sont déjà pressenties. Quant au gaz naturel liquéfié, la vulnérabilité est similaire : Qatar et Émirats exportent via Ormuz une part non négligeable de leur production. Toute perturbation menace la stabilité des marchés gaziers.
Hypothèses de fermeture et perspectives stratégiques
Trois scénarios sont envisagés :
- Manifestations de force : menaces verbales, mines ou frappes limitées, pour influencer l’opinion.
- Blocus partiel : mines ou obstructions ciblées, ralentissant le trafic mais évitant une intervention massive internationale — le temps que les armées se mobilisent.
- Blocus général : fermeture totale du détroit, impliquant missiles, mines, sous-marins… Ce serait un acte hautement risqué déclenchant une réponse immédiate des États-Unis, de l’Arabie saoudite, du Royaume-Uni et de pays européens.
Le scénario le plus probable reste celui d’une interruption courte (quelques jours à semaines), le temps que les stocks stratégiques de l’AIE (cinq mois de consommation) soient activés et que la production alternative réagisse. En revanche, une perturbation prolongée pourrait sérieusement ébranler les prix, les économies et les approvisionnements.
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