
Lancé sur TikTok à l’été 2025, un mouvement de boycott ciblant les salons africains aux États-Unis ravive des tensions profondes au sein de la diaspora noire. Derrière les dénonciations de mauvais service et d’attitudes perçues comme irrespectueuses, se cache un malaise plus vaste : choc culturel, mémoire historique, rivalités économiques. Ce phénomène, inédit par sa cible interne, pousse à réinterroger les bases de la solidarité pan-noire à l’ère numérique.
Contexte et origne du boycott
Depuis juillet 2025, plusieurs vidéos TikTok ont été publiées par des Afro-Américains appelant à boycotter les commerces tenus par des Africains immigrants : salons de tresses, boutiques ethniques, épiceries ou salons de beauté. Ce mouvement, cristallisé par le hashtag #BoycottAfricanBusinesses, trouve son origine dans un sentiment de mécontentement accumulé. Les critiques évoquent un service jugé impersonnel, des prix élevés sans justification, des attitudes jugées irrespectueuses ou froides. Pour certains, ces prestataires ne "respecteraient pas la clientèle noire américaine". Une date symbolique est fixée : le 1er août 2025, début du boycott.
Boom des réseaux sociaux et diffusion du mouvement
TikTok a servi de déclencheur. Des vidéos cumulent des millions de vues, présentant des témoignages personnels : longue attente sans excuse, coupe mal réalisée, ou service jugé expéditif. Les hashtags #AfricanHairSalonProblems, #BlackTikTok ou #BoycottAfricanBusinesses se propagent. YouTube prolonge la discussion avec des vidéos explicatives, des interviews, ou des montages comparatifs. Twitter/X devient un espace d’analyse sociopolitique, tandis qu’Instagram regroupe stories, témoignages visuels, et appels à l’unité ou à la prise de distance. Le phénomène prend une ampleur nationale, avec des retombées concrètes : dans plusieurs villes, des salons rapportent une baisse de rendez-vous début août.
Une vidéo, une voix, une détonation Tout part d’un appartement new-yorkais, d’une jeune femme noire devant sa caméra frontale. Elle s’appelle Shea, elle est américaine, et elle n’en peut plus. Dans une vidéo TikTok devenue virale, elle appelle ses followers à boycotter à partir du 1er août 2025 les salons de coiffure tenus par des Africains. Trop d’attente, pas de sourire, peu de reconnaissance. Le ton est ferme, mais la douleur perceptible. Elle ne parle pas seulement de cheveux, mais de respect. Le hashtag #BoycottAfricanBusinesses enflamme alors TikTok, avant de contaminer YouTube, Instagram, Twitter. Le 1er août devient une date militante. Le salon, un champ de bataille symbolique.
Quand la coiffure devient politique
Dans les couloirs des salons de beauté afro, on entendait déjà les rumeurs. Trop souvent, les clientes se plaignaient à voix basse : "elle a tiré trop fort", "elle n’a même pas dit bonjour". Mais avec la vidéo de Shea Shelf, les murmures deviennent cris. Et les critiques s’enracinent dans une réalité plus large : celle d’un service jugé dégradant, d’un professionnalisme à géométrie variable, d’un échange qui n’est plus perçu comme équitable. Ce qui se jouait dans ces espaces féminins devient un miroir grossissant d’une désillusion : l’idée que la communauté noire pourrait se suffire à elle-même si elle n’apprend pas à se parler, à s’écouter, à se respecter.
Tensions transatlantiques - Deux histoires noires
Il faut comprendre que la diaspora noire américaine n’est pas homogène. D’un côté, les Afro-Américains, descendants d’esclaves, construits dans la douleur du racisme systémique et de la ségrégation. De l’autre, des Africains immigrés, souvent entrepreneurs, venus chercher une vie meilleure. Deux histoires, deux visions du monde, deux rapports au service, à la hiérarchie, à la communauté. Quand une cliente afro-américaine attend 45 minutes sans explication, elle y voit un mépris ; la coiffeuse congolaise, elle, y voit peut-être un rythme différent. Mais l’incompréhension devient soupçon. Et le soupçon devient rejet.
L’esthétique afro à la croisée des chemins Les salons de tresses ne sont pas que des espaces de beauté :
ce sont des lieux de mémoire, de transmission. Ce sont aussi des temples économiques. Aux États-Unis, l’industrie capillaire afro représente des milliards de dollars. Les salons africains y tiennent une place de choix. Mais à l’ère du Black Dollar militant, les consommatrices deviennent actrices. Elles choisissent où, comment, avec qui. Elles exigent désormais un service aligné avec leurs valeurs. Et ce mouvement le montre : la beauté noire ne sera plus une routine, elle devient une déclaration politique.
Les réponses :
excuses, incompréhensions, apprentissages Face au boycott, des salons réagissent. Nadine, propriétaire d’un salon à Atlanta, publie une vidéo : "Je suis désolée si des clientes ont été mal reçues. Ce n’est pas notre intention." D’autres s’insurgent : "On fait de notre mieux, vous ne comprenez pas nos réalités." Le dialogue est difficile. Mais quelque chose s’ouvre. Des influenceuses afro-américaines proposent des panels, des discussions en ligne. Des coiffeuses africaines tentent de mieux comprendre la psychologie de leur clientèle. Un mot circule, fragile, mais porteur : adaptation.
Le boycott comme miroir d’un malaise global Car au fond, ce n’est pas une simple querelle de salon. C’est une remise en question du contrat moral entre les différentes branches de la diaspora noire. Le boycott dit : nous ne sommes pas d’accord avec la façon dont vous nous traitez. Et en creux : nous sommes prêts à aller ailleurs si nos standards ne sont pas respectés. Ce n’est ni un repli identitaire, ni une guerre ouverte. C’est un ultimatum. Celui d’un client noir devenu conscient de son pouvoir. Et ce client, en 2025, est une femme. Active. Informée. Et fatiguée d’être déçue.

Et maintenant ? Imaginer une beauté réconciliée Le plus fascinant dans ce boycott, c’est qu’il ouvre un champ nouveau. Il force à se réinventer. Déjà, certains salons mettent en place des formations croisées, affichent leurs tarifs, expliquent leurs processus. D’autres proposent des événements mixtes : tresses, musique, débat. Car la tresse peut aussi rassembler. À condition de la comprendre comme un pont, et non un mur.
Une leçon pour l’économie noire globale Le boycott pose une autre question :
comment construire une économie noire qui soit à la fois rentable, respectueuse, et inclusive ? La réponse ne viendra ni d’un seul post TikTok, ni d’un seul salon. Mais d’un processus. De dialogues sincères. De politiques commerciales plus transparentes. D’un effort des deux côtés. Et surtout d’une volonté d’avancer ensemble.
Le #AfricanBraidingBoycott est un séisme culturel, mais il peut devenir un tremplin. Il dit l’exigence d’une génération qui ne se contente plus d’être noire par la biologie, mais qui veut l’être aussi par l’éthique, la pratique et la relation. Et si l’unité noire devait passer par la crise, pour enfin devenir choix ?
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