Drake et le rappeur britannique Central Cee viennent de dévoiler leur collaboration « Which One », diffusée le 24 juillet 2025 dans le livestream Iceman. L’union expose une fois de plus Drake aux critiques de culture vulture, tandis que Central Cee hérite lui aussi de cette étiquette. Cet article décrypte l’actualité des cinq derniers mois, la joute verbale entre Drake et Kendrick Lamar, la définition même de ce terme, l’identité ethnique de Central Cee et l’absence d’engagement sociopolitique de ces artistes, dans une analyse factuelle et introspective.

Une collaboration révélée dans le livestream Iceman

Le 24 juillet 2025, Drake a dévoilé « Which One », un morceau en collaboration avec Central Cee, lors d’un épisode du livestream Iceman. Le clip, tourné dans une piscine vide avec une danseuse en vedette, symbolise un retour aux ambiances sobres, presque cryptiques, chères à Drake. Musicalement, le morceau fusionne des éléments de dancehall, de drill britannique et d’afrobeats. La voix de Drake alterne entre un flow suave et des accents inspirés des quartiers londoniens, tandis que Central Cee apporte sa signature directe et technique.

Cette collaboration fait suite au single « What Did I Miss? », publié au début du mois de juillet, où Drake abordait déjà des tensions avec Kendrick Lamar. Côté Central Cee, l’année 2025 a été marquée par la sortie de son premier album studio Can’t Rush Greatness, acclamé commercialement, notamment au Royaume-Uni et dans certaines capitales européennes. Les deux artistes s’étaient déjà croisés musicalement sur un freestyle commun en 2023, mais c’est ici leur première sortie officielle ensemble.

Le timing de cette collaboration n’est pas anodin : elle survient dans une phase de repositionnement pour Drake, qui tente de reprendre le contrôle d’un récit médiatique dominé par sa rivalité avec Lamar. Central Cee, lui, capitalise sur une ascension fulgurante, portée par les codes visuels et linguistiques du rap noir américain et britannique.

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Le retour de la joute verbale Drake–Kendrick Lamar

Le contexte de cette sortie ne peut être détaché de la confrontation musclée qui a opposé Drake à Kendrick Lamar au printemps et à l’été 2024. La diss track de Kendrick, « Not Like Us », a marqué un tournant. Dans cette chanson, Lamar accuse Drake de profiter de cultures auxquelles il n’appartient pas, et le qualifie ouvertement de culture vulture.

Le terme revient comme une condamnation : il décrit un artiste qui exploite esthétiquement et économiquement une culture – ici, noire – sans en faire partie ni porter ses luttes. Dans les paroles, Kendrick pointe les accents changeants de Drake, ses emprunts à la drill britannique, au patois jamaïcain ou encore à l’afrobeats nigérian, sans lien véritable avec ces réalités culturelles.

Drake a répondu par la voie musicale, avec « What Did I Miss? », mais aussi par des interventions scéniques. Lors de sa performance au Wireless Festival, il a laissé la foule scander des insultes à l’encontre de Lamar, sans chercher à calmer le jeu. Cette attitude, mêlée à un procès intenté à Universal Music Group pour la promotion de la chanson jugée diffamatoire, montre un artiste fragilisé, en quête de reprise narrative.

La sortie de « Which One » s’inscrit alors comme un geste stratégique, voire thérapeutique, permettant à Drake de se repositionner non pas face à la critique, mais dans le sillage d’une nouvelle collaboration artistique.

Le terme culture vulture : définition et portée

L’expression culture vulture est apparue dans les milieux hip-hop pour désigner des artistes ou créateurs non issus d’une culture marginalisée, souvent noire, qui adoptent ses codes pour leur propre succès sans engagement sociopolitique. Loin d’être une simple accusation esthétique, il s’agit d’un grief politique : celui d’un pillage symbolique et économique.

Dans le cas de Drake, l’accusation est récurrente. Ses changements d’accents, ses collaborations avec des artistes de scènes locales (Toronto, Londres, Lagos, Kingston), sa capacité à adopter temporairement des styles musicaux en vogue, sont vus non pas comme des hommages, mais comme des manœuvres commerciales.

Certains défenseurs de Drake rappellent pourtant que son héritage culturel est complexe : né d’un père afro-américain et d’une mère juive canadienne, il a grandi à Toronto dans une mixité réelle. Toutefois, son absence d’engagement clair sur les questions raciales, ainsi que son silence au plus fort de certaines crises sociales (comme Black Lives Matter), renforcent les critiques à son encontre.

Ce terme pose donc une question plus large : jusqu’où peut-on s’inspirer d’une culture sans l’appauvrir ou l’instrumentaliser ? Est-ce qu’un artiste, par son succès mondial, a le devoir d’accompagner l’esthétique d’un discours politique ? Ou bien la culture, devenue bien commun globalisé, est-elle ouverte à tous, sans conditions ?

Central Cee et la question de l’ethnicité

Central Cee, de son vrai nom Oakley Caesar-Su, est originaire de Londres. Il est souvent perçu comme une figure majeure de la drill britannique, un genre profondément lié aux jeunes issus de l’immigration africaine et caribéenne. Or, Central Cee, de peau claire, ne revendique aucun lien direct avec un héritage afro.

Cela n’empêche pas l’artiste d’utiliser les codes du rap noir : vêtements oversize, argot londonien issu des diasporas, thématiques de rue, clips esthétiquement inspirés de la culture urbaine noire. Cette posture lui vaut régulièrement des accusations similaires à celles adressées à Drake : celle d’un blanc ou métis s’appropriant une esthétique noire sans en porter l’histoire ni les stigmates.

Sur les réseaux sociaux, la question de son origine revient sans cesse. Certains fans défendent son droit à incarner la drill par son expérience de la rue, indépendamment de la couleur de peau. D’autres estiment que son image est construite sur une forme d’« exotisme choisi », où il peut naviguer entre des univers sans jamais risquer les conséquences sociales de l’appartenance à une communauté marginalisée.

Ce débat n’est pas nouveau dans le hip-hop. Mais il devient crucial à une époque où la visibilité se mesure en millions de vues, où les artistes deviennent des marques, et où la culture noire est une source majeure de production de valeur dans l’industrie du divertissement. Central Cee, en s’associant à Drake, ne fait qu’accentuer les tensions autour de son positionnement identitaire.

Si le titre fait danser, il dérange aussi. Car il expose les failles d’un système musical mondialisé où la culture noire, souvent, reste une matière première exportable, mais rarement respectée comme sujet politique. Ce qui a été le sujet principal de beaucoup de titres de Kendrick Lamar au cours de ces dernières années et l'une des raisons derrière le clash avec le rappeur Drake.

Le bon moment pour un miroir critique

La sortie de « Which One » offre un miroir parfait pour questionner la responsabilité culturelle des artistes mondialisés. D’un côté, Drake cherche à rebondir après une période trouble. De l’autre, Central Cee continue son ascension fulgurante dans le rap global. Mais les deux partagent un point commun : leur posture de « passeurs culturels », rarement accompagnée d’un véritable engagement politique.

Dans un contexte où les artistes noirs américains ou britanniques revendiquent de plus en plus leur rôle dans les luttes sociales (Kendrick Lamar, Dave, Little Simz), la neutralité affichée de Drake et Central Cee peut apparaître comme une forme d’opportunisme. Leur succès semble reposer sur une distanciation : emprunter sans s’exposer, capitaliser sans militer.

Cela soulève une interrogation essentielle : peut-on faire du business sur la culture noire sans jamais en épouser la cause ? Le fait d’aimer un style, de le maîtriser, suffit-il pour y appartenir symboliquement ? Ou bien faut-il un ancrage, un lien historique, un engagement pour éviter l’accusation d’intrusion ?

La réponse n’est pas univoque. Mais l’alliage Drake–Central Cee, sur fond de polémique ancienne et de silences assumés, fait de cette collaboration un objet d’analyse éthique autant qu’artistique. Elle résume les tensions contemporaines de l’industrie musicale : entre globalisation des sons, lutte pour la reconnaissance identitaire et logiques économiques implacables.

Une alliance révélatrice

« Which One » est plus qu’un morceau. C’est une scène. Celle de deux artistes au sommet de leur popularité, mais confrontés à une critique croissante : celle d’exploiter des cultures auxquelles ils ne sont pas pleinement liés. Dans cette alliance, certains voient une rencontre d’influences, d’autres un salon des réfusés – une union d’intrus.

Si le titre fait danser, il dérange aussi. Car il expose les failles d’un système musical mondialisé où la culture noire, souvent, reste une matière première exportable, mais rarement respectée comme sujet politique.

Ce morceau incite à interroger la légitimité, l’héritage, la responsabilité et la frontière entre hommage et récupération. Plus qu’un hit, « Which One » devient un test collectif : celui de notre capacité à entendre la musique, tout en écoutant ce qu’elle dit, ce qu’elle ne dit pas, et ce qu’elle choisit d’ignorer.

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Auteur
July 29, 2025 23:19
Crée
July 30, 2025 8:34
Mis à jour
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2min
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July 30, 2025 9:15
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