
Icône absolue de la mode, Anna Wintour quitte son poste de rédactrice en chef de Vogue US. Retour sur une carrière qui a façonné la culture, l’industrie de la mode et le destin du groupe Condé Nast.
Une page se tourne chez Vogue
C’est une page d’histoire de la mode qui se tourne. Après 37 années passées à la tête de Vogue US, Anna Wintour a annoncé, jeudi, qu’elle quitterait son poste de rédactrice en chef pour confier la direction éditoriale américaine à une nouvelle personne. Une transition discrète, presque feutrée, annoncée lors d’une réunion interne, et pourtant l’onde de choc s’est aussitôt propagée dans tout l’univers de la mode.
Anna Wintour, casques de cheveux lissés, lunettes de soleil noires, et pas pressés dans des escarpins Manolo Blahnik, incarne depuis 1988 l’image même de la papesse de la mode. Sous son règne, Vogue n’était pas seulement un magazine, mais une institution, un oracle où se lisaient tendances, talents et visions artistiques. Son départ de ce rôle emblématique marque la fin d’une ère pour la presse féminine mondiale.
Anna Wintour ne quitte toutefois pas entièrement la maison Condé Nast. Elle conserve ses fonctions de directrice éditoriale mondiale de Vogue et de Chief Content Officer du groupe. Une manière pour elle de maintenir la main sur la stratégie globale, tout en laissant le terrain américain à une relève encore inconnue, mais attendue avec impatience dans les couloirs du Plaza ou du Met.
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Née à Londres en 1949, Anna Wintour a presque toujours semblé destinée à régner sur les pages glacées des magazines. Fille de Charles Wintour, éminent rédacteur en chef du Evening Standard, elle débute dans la presse mode au Harper’s & Queen avant de rejoindre New York et Condé Nast, au sein du prestigieux Vogue.
En 1988, elle devient la rédactrice en chef de Vogue US, où elle impose un style inimitable : mélange de rigueur journalistique, de flair artistique et d’intransigeance. Sa première couverture, avec la mannequin Michaela Bercu en jean Guess et veste Christian Lacroix, fit scandale, balayant d’un revers de manche la rigidité figée des clichés haute couture. La mode sous Wintour devient vivante, imprévisible, éclatante.
Ses choix de couverture font date : mettre en avant des figures comme Jennifer Lawrence, Beyoncé, Rihanna ou Serena Williams, c’est faire un pas vers une vision de la mode inclusive, multiculturelle, loin du simple papier glacé. Elle a également osé des éditoriaux politiques, notamment en soutenant Hillary Clinton ou Barack Obama, au risque de fracturer une partie de son lectorat.
Sa légende se nourrit aussi d’une réputation de directrice exigeante, parfois crainte, souvent admirée. Le roman Le Diable s’habille en Prada, de Lauren Weisberger, ancienne assistante de Wintour, et son adaptation cinématographique, ont largement contribué à façonner le mythe de la rédactrice en chef impitoyable, aussi tranchante qu’un coupe-papier Hermès.
L’architecte du Met Gala et mécène de la mode
Si Anna Wintour est devenue une figure planétaire, c’est aussi grâce à son implication sans faille dans la scène culturelle new-yorkaise. Depuis 1995, elle orchestre le Met Gala, évènement devenu l’équivalent des Oscars dans l’univers de la mode. Chaque premier lundi de mai, célébrités, créateurs et mécènes gravissent les marches du Metropolitan Museum of Art, sous le regard inquisiteur des photographes, dans des tenues plus spectaculaires les unes que les autres.
Sous la houlette de Wintour, le Met Gala est passé d’un dîner de charité mondain à une opération à plus de 300 millions de dollars récoltés au profit du Costume Institute. Une somme colossale qui a permis d’enrichir la collection de l’un des musées les plus réputés du monde.
Mais au-delà des paillettes, Wintour y a imposé une dimension artistique : chaque édition est pensée comme un hommage à un créateur, une époque, une esthétique. En 2018, elle offrait à la mode catholique son moment baroque ; en 2021, elle célébrait la mode américaine, en pleine période de crise identitaire post-pandémie.
Son engagement dépasse toutefois la seule mode. Elle a soutenu de nombreuses initiatives culturelles, participé à des levées de fonds contre le SIDA, et contribué à faire de New York une capitale où se croisent mode, art et politique. La récente remise de la Presidential Medal of Freedom par Joe Biden en janvier 2025 est venue consacrer cette dimension philanthropique.

Condé Nast, empire du papier glacé à l’ère numérique
Anna Wintour a aussi été le pilier d’un groupe mythique : Condé Nast. Fondée en 1909 par Condé Montrose Nast, la maison d’édition a dominé la presse magazine pendant plus d’un siècle. Elle détient des titres prestigieux : Vogue, The New Yorker, Vanity Fair, GQ, Wired, entre autres. Ces publications ont façonné le goût, le style, et l’agenda culturel mondial.
Sous l’influence de Wintour, Condé Nast a cherché à négocier le virage numérique, non sans difficultés. La presse papier subit une lente érosion. Pourtant, Vogue.com est aujourd’hui l’un des sites mode les plus consultés au monde, cumulant plusieurs dizaines de millions de visiteurs mensuels. Anna Wintour a su ouvrir le magazine à la vidéo, aux podcasts, aux réseaux sociaux, transformant la publication en véritable média global.
Mais le groupe traverse aussi des zones de turbulence : licenciements, réorganisations, baisse des recettes publicitaires. Condé Nast, jadis temple du luxe, doit aujourd’hui composer avec la volatilité du numérique. Anna Wintour est restée une figure clé de la stratégie éditoriale globale, contribuant à maintenir l’aura de Vogue dans un univers où les influenceurs et TikTok rivalisent avec les rédactions historiques.
Une influence toujours prégnante malgré le départ
Anna Wintour laisse derrière elle un héritage considérable. Elle a façonné non seulement Vogue, mais toute l’industrie de la mode contemporaine. Elle a fait entrer des créateurs dans la lumière — Alexander McQueen, John Galliano, Marc Jacobs —, boosté les carrières de mannequins devenues superstars, influencé les designers, les photographes, les maquilleurs.
Même si elle abandonne la direction éditoriale de Vogue US, elle conserve un poids énorme dans l’orientation du magazine à l’international. Son aura reste telle qu’aucune annonce de successeur n’a encore été faite, alimentant toutes les spéculations. Qui pourra incarner, dans un monde de plus en plus fragmenté, cette autorité unique et presque monarchique sur l’esthétique globale ?
Son style personnel, mélange de classicisme britannique et d’audace new-yorkaise, demeure une signature. Blunt cut impeccable, lunettes noires, tailleurs Chanel ou Prada, collier de perles : elle a fait de sa silhouette un logo aussi reconnaissable qu’un double C.
À l’heure où l’industrie se réinvente entre intelligence artificielle et développement durable, Anna Wintour s’apprête à écrire un nouveau chapitre. Son départ est la preuve que même les icônes savent quand il faut céder la place. Mais qu’on se rassure : son influence, elle, est loin de quitter la scène.
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