L'aide alimentaire d'urgence a finalement repris dans certaines zones de la province du Nord-Kivu, située dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), après une interruption causée par l'offensive des rebelles du M23 dans la région. Cette reprise a été annoncée lundi par le Programme alimentaire mondial (PAM) dans une série de publications sur les réseaux sociaux.

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Au total, plus de 200 000 personnes recevront près de 3 000 tonnes de nourriture dans les localités de Sake, Shasha et Bweremana, trois zones du Nord-Kivu désormais sous le contrôle du M23. L'offensive de ce groupe armé, soutenu par le Rwanda, a atteint son apogée fin janvier avec la prise de Goma, la principale ville de cette province riche en ressources minières. Depuis, les affrontements entre les rebelles et l'armée régulière congolaise se sont étendus à la province voisine du Sud-Kivu.

Le retour des déplacés
Près de 300 000 personnes ayant fui les combats aux alentours de Sake s'étaient réfugiées dans des sites pour déplacés à la périphérie de Goma. Depuis la chute de la ville, le PAM a indiqué que beaucoup d'entre elles ont entamé leur retour. « Les familles sont toujours en mouvement, rentrant dans leurs villages, sans savoir ce qu'elles vont y trouver », a déclaré l'agence sur le réseau social X.

Dans les zones où les violences se sont apaisées, les déplacés commencent à revenir progressivement. Lors d'un point de presse à New York, Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, a précisé qu'environ 17 000 personnes étaient récemment rentrées dans la région de Karuba, située à environ 40 kilomètres au nord-ouest de Goma. Depuis janvier, près de 90 000 personnes sont retournées dans cette zone malgré des conditions désastreuses, notamment un accès quasi inexistant à l'eau potable.

Attaques contre des hôpitaux
La reprise des distributions alimentaires dans certaines parties du Nord-Kivu intervient alors que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) constate une recrudescence des violations du droit international humanitaire dans la région.

« À Goma, des sources humanitaires locales signalent que des hommes armés ont attaqué au moins deux hôpitaux entre samedi et aujourd'hui, enlevant des dizaines de patients, dont plusieurs dans un état critique », a déclaré Dujarric lors du point de presse. « À ce jour, seul un petit nombre de patients a été libéré », a-t-il ajouté.

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Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU, a précisé qu'au moins 130 hommes malades ou blessés avaient été enlevés par le M23 lors de ces attaques. Selon elle, les patients kidnappés sont accusés par le groupe armé d'être des soldats de l'armée congolaise ou des membres de la milice pro-gouvernementale Wazalendo.

« Il est profondément affligeant que le M23 arrache des patients de leurs lits d'hôpital lors de raids coordonnés et les détienne dans des lieux tenus secrets », a-t-elle déploré. Elle a appelé le M23 à mettre fin à ces raids « arbitraires et abusifs » et à libérer immédiatement les patients pour qu'ils puissent recevoir les soins nécessaires. Elle a également rappelé que, selon le droit international humanitaire, les blessés et les malades doivent bénéficier de soins médicaux et que les hôpitaux doivent être protégés en toutes circonstances.

Par ailleurs, au Sud-Kivu, Dujarric a indiqué que quatre écoles du territoire de Fizi, situé à environ 250 kilomètres au sud de Bukavu, la principale ville de la province, avaient été récemment transformées en camps militaires, perturbant l'éducation de plus de 2 000 élèves.

Jean-Pierre Lacroix à Beni
Ces attaques contre des hôpitaux à Goma ont eu lieu pendant la visite du chef des opérations de paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix, dans la province. Lacroix s'est notamment rendu à Beni, qui remplace temporairement Goma comme capitale du Nord-Kivu, où il a rencontré le gouverneur de la province, le général Évariste Somo Kakule.

« Il y a une forte convergence de tous les membres de la communauté internationale pour soutenir les principes d'un règlement de la situation dans l'est de la RDC », a déclaré Lacroix lors de cette rencontre. Le gouverneur, quant à lui, s'est dit rassuré par la présence du chef du maintien de la paix dans la région, où sont déployés les Casques bleus de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO).

Lacroix s'est ensuite rendu au Centre de services régionaux des Nations Unies à Entebbe, en Ouganda, qui fournit un soutien logistique et technique à plusieurs missions de paix de l'ONU dans la région, dont la MONUSCO, dont une partie du personnel a été évacuée sur place.

Groupe Wazalendo

Distribution d'eau potable à Goma
Parallèlement, l'UNICEF a annoncé lundi qu'elle fournissait quotidiennement de l'eau potable et des services d'assainissement à 700 000 personnes, dont 364 000 enfants, à Goma. L'approvisionnement en eau avait été interrompu pendant les combats, obligeant les habitants à puiser directement dans les eaux non traitées du lac Kivu, malgré les risques de maladies.

« Avec les épidémies de choléra et de mpox qui se poursuivent dans l'est de la RDC, les enfants et les familles ont plus que jamais besoin d'eau potable pour se protéger et prévenir une crise sanitaire plus grave », a déclaré Jean François Basse, représentant intérimaire de l'UNICEF en RDC, dans un communiqué.

« Partout dans le monde, les enfants victimes de conflits prolongés ont trois fois plus de risques de mourir de maladies liées à l'eau que de violences », a-t-il ajouté.

Malgré la détérioration de la situation sécuritaire, l'UNICEF a réagi rapidement en acheminant de l'eau par camion vers trois établissements de santé, dont l'hôpital général de référence de Virunga, qui a soigné environ 3 000 blessés. Des kits médicaux pour traiter 50 000 personnes ont également été distribués aux centres de santé débordés.

Signes d'une recrudescence du choléra
Cependant, de nombreuses personnes continuent de s'approvisionner en eau dans le lac Kivu. Pour y remédier, l'UNICEF et ses partenaires ont mis en place plus de 50 sites de traitement au chlore le long de la côte, fournissant de l'eau potable à 56 000 personnes par jour pour limiter la propagation du choléra.

« Nous observons déjà des signes inquiétants d'une augmentation des cas de choléra, étroitement liés à l'accroissement des déplacements et à la dépendance à l'eau insalubre », a noté Basse. « Bien que la collecte de données soit difficile dans ces circonstances, avec l'arrivée de la saison des pluies, nous craignons une explosion des cas », a-t-il ajouté.

Au cours des dix dernières années, le choléra a tué plus de 5 500 personnes en RDC, où seulement 43 % de la population a accès à l'eau potable et 15 % à des services d'assainissement de base. À Goma, le conflit a aggravé une situation déjà critique, alors qu'environ 700 000 personnes déplacées vivent dans des camps autour de la ville, sans accès suffisant à l'eau et à l'assainissement.

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