Le retour de l’ancien président congolais Joseph Kabila dans la ville de Goma, tenue en partie par la rébellion du M23, fait grand bruit. Accusé de trahison, banni des médias nationaux, Kabila rejette les poursuites judiciaires le visant et se positionne en opposant déterminé. Cette apparition publique dans un territoire en crise a relancé les comparaisons avec le retour de Napoléon de l’île d’Elbe. Pourtant, au-delà de l’image, la réalité congolais diffère profondément.

Retour d’exil : une réapparition sous haute tension

Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), a réapparu publiquement en mai 2025, après deux années passées à l’étranger. Il a choisi la ville de Goma, située dans une zone instable de l’est du pays, comme théâtre de son retour. Ce choix est hautement symbolique : Goma est en grande partie contrôlée par les rebelles du M23, un groupe armé actif depuis 2012 et soutenu, selon plusieurs sources, par le Rwanda.

Officiellement, Kabila était en Afrique du Sud pour poursuivre un doctorat. Officieusement, son exil a coïncidé avec un éloignement croissant de la scène politique nationale, marqué par des tensions avec son successeur, Félix Tshisekedi. Depuis son retour, le gouvernement congolais a pris une mesure sans précédent : l’interdiction faite aux médias de mentionner ou d’interviewer Kabila et les membres de son parti, le PPRD. Selon Christian Bosembe, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), tout manquement à cette règle pourra entraîner la suspension du média concerné.

Kabila, aujourd’hui âgé de 53 ans, fait l’objet d’accusations graves : soutien aux rebelles, trahison, crimes de guerre. Privé de son immunité par le Sénat en mars 2025, l’ancien chef de l’État réfute les faits et dénonce une justice aux ordres. Il accuse le gouvernement d’exploiter les institutions à des fins politiques.

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Kabila à Goma : le retour de l’épée ou de la paix ?

Sur les réseaux sociaux, la nouvelle a provoqué une onde de choc. Les porte-paroles du M23, Lawrence Kanyuka et Willy Ngoma, ont publié des messages de bienvenue adressés à Kabila. L’un d’eux évoque même une "zone libérée" où le président aurait toute sa place. Dans le même temps, un leader de la jeunesse du PPRD à Goma a déclaré à la BBC Swahili : "Pour nous, c’est comme un père qui revient vers ses enfants."

Les autorités de Kinshasa accusent Joseph Kabila de connivence avec la rébellion. Pour l’exécutif, la coïncidence entre le retour de l’ancien président et les avancées militaires du M23 dans le Nord-Kivu n’est pas anodine. Depuis le début de 2024, les rebelles ont gagné plusieurs villes stratégiques, portant à près de 20 % la portion de territoire national sous leur contrôle.

Le gouvernement affirme détenir des « preuves matérielles » liant Kabila à la rébellion. Dans une vidéo supprimée depuis, l’ancien président a qualifié le gouvernement actuel de "dictature". En réponse, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a estimé que Kabila "n’a rien à offrir au pays".

Une analogie historique : Kabila comme Napoléon ?

Certains analystes ont vu dans ce retour un écho historique : celui de Napoléon Bonaparte quittant l’exil de l’île d’Elbe pour tenter de reconquérir la France en 1815. Cette analogie, largement relayée sur les réseaux sociaux, prête à débat. Comme Napoléon, Kabila revient dans un pays en crise, fort d’une réputation forgée pendant un règne long (18 ans pour Kabila, 15 pour Napoléon), avec l’idée de reprendre les rênes dans un moment de trouble.

Mais les différences sont fondamentales. Napoléon a débarqué en Provence avec des troupes régulières, ralliant des officiers et marchant sur Paris. Kabila, lui, arrive à Goma sans mandat, sans armée régulière, et dans un pays où la légitimité passe par les urnes. Surtout, le souvenir de la transition post-Kabila (2019) reste vivace, avec une volonté populaire de changement.

Contrairement à Napoléon qui s’est soldé par la défaite à Waterloo, le retour de Kabila n’est pas militaire, mais politique et symbolique. Son impact dépendra des réactions du peuple congolais, des forces régionales et de la communauté internationale.

Certains analystes ont vu dans ce retour un écho historique : celui de Napoléon Bonaparte quittant l’exil de l’île d’Elbe pour tenter de reconquérir la France en 1815. Cette analogie, largement relayée sur les réseaux sociaux, prête à débat. Comme Napoléon, Kabila revient dans un pays en crise, fort d’une réputation forgée pendant un règne long (18 ans pour Kabila, 15 pour Napoléon), avec l’idée de reprendre les rênes dans un moment de trouble.

Comparatif économique : un retour aux années Kabila ?

L'économie congolaise de 2025 présente un visage contrasté. Si la croissance du PIB atteint encore 5,1 %, elle ralentit par rapport aux 8,6 % de 2023. L’inflation, bien qu’en baisse, reste à 11,3 %. Sous Joseph Kabila, l’économie a connu des années fastes en raison des cours mondiaux des matières premières, mais aussi des périodes de forte corruption, de fuite des capitaux et de creusement des inégalités.

En 2024, près de 74 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 2,15 dollars par jour). Le pays, malgré ses immenses ressources naturelles (cuivre, cobalt, hydroélectricité, forêts), peine à transformer cette richesse en développement inclusif.

Le gouvernement Tshisekedi, en place depuis 2019, tente de diversifier l’économie, d’attirer les IDE et d’assainir les finances publiques. Mais les conflits à l’est du pays compromettent les efforts. La présence du M23 dans des zones minières clés entraîne une perte de revenus pour l’État et nuit à l’attractivité des investisseurs.

Le défi de l’unité nationale et la question de la justice

Le retour de Joseph Kabila s’inscrit dans un contexte de polarisation politique intense. Son image, autrefois celle d’un homme fort, reste divisive. Pour ses partisans, il est le garant de la souveraineté nationale. Pour ses détracteurs, il symbolise un passé d’autoritarisme et d’opacité.

Alors que le pays tente de se reconstruire après des décennies de conflits, le rôle futur de Kabila suscite des interrogations. L’interdiction médiatique et les poursuites judiciaires rendent improbable une participation active au débat démocratique. Pourtant, son retour dans une ville tenue par un groupe rebelle place Kinshasa face à un dilemme : faut-il le poursuivre ou le neutraliser politiquement ?

L’enjeu est crucial. Toute impunité fragiliserait la crédibilité des institutions. Toute instrumentalisation de la justice affaiblirait la légitimité du pouvoir. C’est dans cet équilibre précaire que se joue l’avenir de la RDC.

Au-delà de la figure de Kabila, c’est l’exercice d’une démocratie fondée sur la règle de droit qui est à l’épreuve.

Clôture : un retour incertain au carrefour des puissances

Joseph Kabila est de retour, mais l’image napoléonienne est trompeuse. Il ne vient pas reconquérir le pouvoir par la force, mais tenter un retour symbolique dans un paysage politique fracturé.
Son avenir dépendra d’un triangle de forces : les réactions de la population congolaise, l’attitude des rebelles du M23, et la réponse de l’appareil d’État. Un retour élégant, pour certains ; une provocation sourde, pour d’autres.
La RDC doit trouver un équilibre entre justice, paix et démocratie. Ce retour place les institutions à l’épreuve : justice équitable, liberté de la presse, gouvernance inclusive. Tout dépendra maintenant de la capacité du pays à transformer un flash politique en trajectoire d’avenir.

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June 9, 2025 16:33
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June 11, 2025 17:00
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