
Le Maroc se positionne comme un futur pays hôte du championnat du monde de Formule 1. Porté par un projet colossal à Al Houara, le royaume veut séduire Liberty Media et marquer le retour de l’Afrique sur le calendrier F1, après plus de 30 ans d’absence. Une ambition structurée et économiquement prometteuse.
Une organisation titanesque, à la mesure des ambitions du royaume
Le Maroc pourrait bien devenir le nouveau terrain de jeu de la Formule 1. Le projet d’un Grand Prix à Al Houara, au sud de Tanger, se dessine peu à peu, porté par des ambitions logistiques, touristiques et économiques de grande envergure. Inspiré du modèle du Yas Marina Circuit à Abou Dhabi, ce complexe pharaonique vise à transformer une bande côtière atlantique en centre névralgique du sport automobile mondial.
Le site proposé couvre plus de 1 600 acres (environ 647 hectares) et prévoit la construction d’un circuit permanent homologué par la FIA, entouré d’infrastructures haut de gamme : hôtels, centre de conventions, parc à thème, centre commercial, arène d’événements et logements de standing. Le coût global du projet est estimé à 1,5 milliard de dollars, financé en partie par des capitaux publics et des investissements étrangers, notamment du Qatar via Qatari Diar.
La localisation d’Al Houara présente des avantages logistiques notables. Situé à proximité de l’aéroport international de Tanger, du réseau autoroutier marocain et de la ligne à grande vitesse reliant Tanger à Rabat et Casablanca, le site bénéficie également d’un accès maritime direct avec l’Europe via les ferries depuis l’Espagne. Une logistique terrestre et maritime qui permettrait de limiter les coûts liés au transport aérien, souvent pointé comme l’un des principaux obstacles à l’organisation d’un Grand Prix dans des régions éloignées.
Liberty Media, partenaire incontournable mais exigeant
Derrière chaque Grand Prix, il y a Liberty Media. Le groupe américain, propriétaire de la Formule 1 depuis 2017, joue un rôle central dans la sélection des circuits et la gestion du calendrier mondial. Le Maroc, pour espérer intégrer le championnat du monde, devra convaincre Liberty Media de la viabilité économique et logistique de son projet.
Ce ne sera pas chose aisée. Les exemples de l’Inde et de la Corée du Sud rappellent que l’organisation d’un Grand Prix ne garantit ni pérennité ni rentabilité. L’Inde a accueilli la F1 entre 2011 et 2013 avant de se retirer, accumulant des pertes évaluées à 24 millions de dollars lors de la dernière édition. La Corée du Sud a connu un sort similaire avec des pertes de 37 millions de dollars en 2012, un an avant l’annulation définitive de son épreuve.
Ces échecs s’expliquent par des coûts d’organisation très élevés : la construction d’un circuit dépasse souvent les 270 millions de dollars, auxquels s’ajoutent les frais de maintenance (environ 18,5 millions annuels), d’infrastructures temporaires (tribunes, barrières, zones de presse…) et surtout les droits de promotion versés à Liberty Media, oscillant entre 15 et 50 millions de dollars par course, sans compter les éventuelles primes liées aux emplacements privilégiés dans le calendrier.
À cela s’ajoute une règle stricte : Liberty Media conserve l’intégralité des recettes issues du sponsoring global et des droits TV, qui s’élevaient respectivement à 445 millions et 936 millions de dollars sur les saisons 2022 et 2023. Les promoteurs locaux ne peuvent compter que sur la billetterie pour amortir leurs investissements, ce qui, dans de nombreux cas, reste insuffisant pour atteindre le seuil de rentabilité.
Un impact économique local potentiellement massif
Si la rentabilité directe d’un Grand Prix reste incertaine, les bénéfices économiques indirects peuvent être considérables. Plusieurs villes ayant accueilli une course de Formule 1 ont vu leur économie locale stimulée par le tourisme, la restauration, l’hôtellerie et le commerce de détail.
À Las Vegas, l’édition 2023 du Grand Prix a nécessité environ 500 millions de dollars d’investissement, mais a généré 1,2 milliard de retombées économiques selon les autorités locales. Les dépenses des visiteurs ont largement profité aux hôtels, restaurants et commerces de la ville. De son côté, Singapour estime que sa course de nuit a attiré 450 000 visiteurs supplémentaires entre 2008 et 2018, injectant environ 1,4 milliard de dollars dans son économie. À Mexico City, le Grand Prix génère chaque année une hausse de 12 % des réservations dans les hôtels de luxe, avec une dépense moyenne par visiteur de 1 730 dollars sur le week-end.
Pour le Maroc, pays le plus visité d’Afrique avec 17,4 millions de touristes en 2023, l’accueil d’une épreuve de Formule 1 pourrait renforcer encore cette dynamique, notamment dans la région de Tanger. Les autorités marocaines misent sur un double effet : attirer de nouveaux visiteurs internationaux et développer durablement les infrastructures touristiques locales. Un Grand Prix pourrait ainsi servir de catalyseur pour une montée en gamme de l’offre hôtelière et culturelle dans le nord du pays.

Le Maroc, un candidat crédible et expérimenté
Contrairement à d’autres nations émergentes, le Maroc dispose déjà d’une expérience significative dans l’organisation de compétitions automobiles internationales. Le circuit semi-urbain de Marrakech a accueilli par le passé des manches du Championnat du monde des voitures de tourisme (WTCC) et de la Formula E, offrant au royaume une visibilité croissante dans l’univers du sport automobile.
Ce passé, combiné à une stratégie claire de diplomatie sportive — déjà illustrée par la co-organisation annoncée de la Coupe du monde de football 2030 avec l’Espagne et le Portugal — conforte le Maroc dans sa position de candidat sérieux. Le royaume bénéficie également d’une croissance continue dans le secteur automobile : avec près de 500 000 véhicules produits en 2023, il est le premier exportateur africain vers l’Union européenne.
Enfin, l’implication d’Éric Boullier, ancien directeur d’équipe en F1 et ex-directeur du Grand Prix de France, apporte une caution technique et stratégique à la candidature marocaine. Sa connaissance du paddock et des exigences de Liberty Media constitue un atout non négligeable pour faire aboutir le projet.
Une course contre la montre diplomatique et géopolitique
Sur le continent africain, le Maroc n’est pas seul en lice. Le Rwanda a également manifesté son intérêt pour accueillir une épreuve de Formule 1. Toutefois, sa candidature dépendrait de la résolution du conflit en cours avec la République Démocratique du Congo, avec les États-Unis jouant un rôle de médiateur.
Face à cette concurrence, le Maroc bénéficie d’un environnement géopolitique stable et d’un cadre institutionnel perçu comme favorable aux investissements. Si Liberty Media décidait d’accueillir deux courses africaines, une à l’est et l’autre à l’ouest du continent, le royaume chérifien pourrait en ressortir renforcé, notamment grâce à sa proximité avec l’Europe, tant géographique que culturelle.
Dans un contexte de refonte du calendrier, où certaines courses historiques comme Barcelone ou Imola pourraient être évincées, la F1 cherche à s’ancrer sur de nouveaux marchés prometteurs. Madrid semble déjà assuré de faire son entrée en 2026 avec un tracé urbain. Le Maroc pourrait être le prochain.
Conclusion
Le projet d’un Grand Prix de Formule 1 au Maroc s’inscrit dans une logique globale d’expansion de la F1 vers de nouveaux territoires stratégiques. Si les obstacles économiques, logistiques et diplomatiques sont nombreux, le royaume dispose d’atouts certains : infrastructures modernes, expérience événementielle, stabilité politique et vision à long terme. Reste à franchir la ligne d’arrivée administrative avec Liberty Media. Pour le Maroc, l’enjeu dépasse largement le sport : il s’agit d’un levier de rayonnement international et d’un moteur de croissance économique durable.
Contactez la rédaction
Découvrez The Kinshasa Daily News – votre source incontournable d'actualités en RDC et votre partenaire de croissance ! Restez informé(e) avec nos analyses exclusives sur l'économie, la politique et la culture, tout en profitant d'une plateforme idéale pour promouvoir vos produits ou services auprès d'une audience engagée. Que vous soyez lecteur passionné ou entreprise ambitieuse, nous vous offrons une visibilité optimale grâce à des abonnements premium et des solutions publicitaires sur mesure (articles sponsorisés, bannières, interviews). Rejoignez notre communauté dynamique de décideurs et d'influenceurs !
Contactez-nous dès maintenant pour vous abonner ou promouvoir votre marque, et suivez-nous sur @thekinshasadailynews
Nvidia, leader mondial des semi-conducteurs, domine le marché des puces d’intelligence artificielle, moteur clé de sa croissance.
Lire l'article