
Ce mercredi 9 juillet 2025, la Cour de cassation de la République démocratique du Congo ouvre le procès de Constant Mutamba, ancien ministre de la Justice accusé de détournement de 19 millions de dollars. Une affaire judiciaire aux lourdes implications politiques, au cœur des tensions entre pouvoir exécutif et magistrature. Retour sur l’ascension, les controverses et les accusations portées contre l’un des ministres les plus en vue du gouvernement Tshisekedi.
L'ascension fulgurante d'un juriste devenu ministre
Originaire du Haut-Lomami, Constant Mutamba est juriste de formation et détenteur d’un doctorat en droit obtenu à l’université de Kinshasa. Dès ses années étudiantes, il s’illustre par ses discours critiques sur le manque de transparence dans la vie politique congolaise. En 2015, il fonde la Nouvelle Génération Émergente du Congo (NOGEC), un parti qui prône une « rupture éthique » avec les pratiques des anciens régimes.
Mutamba se distingue par sa capacité à mobiliser la jeunesse, en particulier les étudiants en droit et les jeunes professionnels. Son langage direct, sa posture de réformateur et son discours anti-corruption le propulsent dans les médias comme l’une des voix montantes de l’opposition.
En 2023, dans un geste interprété comme une volonté de renouvellement, le président Félix Tshisekedi l’appelle au gouvernement en tant que ministre de la Justice. Il devient le plus jeune membre du gouvernement en fonction et concentre rapidement l’attention par son style tranché.
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Dès sa prise de fonction, Mutamba dévoile un ambitieux programme de réforme de la justice. Il ordonne un audit des dépenses ministérielles, suspend plusieurs magistrats pour soupçons de corruption, et tente de réorganiser la chaîne des nominations au sein du pouvoir judiciaire. Il exige la publication des décisions de justice dans un but de transparence et initie la digitalisation de certaines procédures judiciaires.
Ces mesures reçoivent un écho favorable dans la société civile et au sein de la jeunesse, qui voit en lui un héritier politique de Patrice Lumumba. Des collectifs d’étudiants en droit et de jeunes juristes se mobilisent autour de sa personne. Plusieurs ONG internationales saluent son volontarisme, bien que certaines expriment des doutes sur la faisabilité structurelle de ses mesures.
Cependant, ses positions tranchées et ses accusations publiques contre les "réseaux mafieux" dans la magistrature alimentent rapidement des tensions avec d’autres membres du gouvernement. Les critiques internes fusent : on lui reproche de personnaliser la réforme, de court-circuiter les protocoles institutionnels et de nuire à la collégialité gouvernementale.
L’affaire Kisangani : une décision solitaire devenue scandale judiciaire
En avril 2025, Mutamba initie un projet de construction d’un complexe pénitentiaire à Kisangani, incluant une réforme des conditions de détention et un plan d’indemnisation pour les victimes de la guerre des Six Jours. Le budget alloué s’élève à 19 millions USD.
Selon le parquet, l’ancien ministre aurait autorisé des décaissements partiels sans l’aval explicite du Premier ministre, en violation des procédures. Les fonds n’ont jamais été perçus par les prestataires, mais le risque de malversation a été identifié par la Cellule nationale de renseignement financier (CENAREF).
Mutamba réplique qu’il s’agit d’une décision technique, nécessaire dans un contexte d’urgence carcérale, et qu’aucune malversation ne peut être prouvée. Il dénonce une instrumentalisation du parquet pour affaiblir les réformateurs au sein du gouvernement. L’exécutif, visiblement divisé, choisit de le démettre de ses fonctions en mai 2025.

Un procès symbolique dans une RDC en quête de justice
L'ouverture du procès le 9 juillet se déroule dans une ambiance tendue. Mutamba se présente en retard, invoquant des embouteillages. Ses avocats, au nombre d’une vingtaine, demandent un report faute d’accès au dossier. La Cour fixe la prochaine audience au 28 juillet.
La NOGEC, son parti, parle d’une cabale politique. Des centaines de jeunes se mobilisent devant la Cour de cassation, brandissant des pancartes à son effigie et le comparant à Lumumba. Les médias, nationaux comme internationaux, couvrent le dossier en continu.
En cas de condamnation, Mutamba risque 15 ans de prison. Le gouvernement, lui, tente de maintenir un équilibre fragile entre soutien aux réformes judiciaires et respect de l’ordre institutionnel. Pour la magistrature, ce procès représente un test de sa capacité à juger un ancien ministre en toute indépendance.
Quel avenir politique pour Constant Mutamba ?
Malgré sa mise en accusation, Mutamba conserve un capital politique non négligeable. Il bénéficie du soutien d’une frange de la population lassée des promesses non tenues en matière de justice. Sa popularité dans les milieux universitaires et dans certaines provinces demeure forte.
Certains analystes politiques estiment qu’une relaxe ou une peine légère pourrait renforcer son aura et faire de lui un futur prétendant à des fonctions électives plus importantes. D’autres considèrent qu’il est désormais trop exposé et isolé pour rebondir.
Quoi qu’il advienne, l’affaire Mutamba illustre les tensions profondes entre aspirations réformatrices, intérêts de clan et fragilité des institutions. Elle soulève une question centrale : la RDC est-elle prête à juger ses propres dirigeants au nom de la transparence ?
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