LONDRES – Le Royaume-Uni a annoncé mardi la suspension de ses négociations commerciales avec Israël et la convocation de l’ambassadrice israélienne à Londres, Tzipi Hotovely, dans un geste diplomatique fort dénonçant l’intensification de l’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza. Cette décision s’inscrit dans un contexte de plus en plus défavorable pour le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, dont les choix militaires et politiques provoquent un isolement grandissant sur la scène internationale.

Tensions diplomatiques croissantes entre Londres et Tel-Aviv

Le chef de la diplomatie britannique David Lammy a déclaré devant la Chambre des communes que l’escalade militaire à Gaza était « moralement injustifiable, totalement disproportionnée et contre-productive ». Dans une critique inhabituelle pour un allié occidental d’Israël, le ministre a souligné que « cette guerre laisse une génération d’orphelins et de traumatisés, prêts à être recrutés par le Hamas ». Londres a donc décidé de suspendre les négociations engagées depuis 2022 avec Israël en vue d’un accord de libre-échange, invoquant la responsabilité du gouvernement Netanyahou dans la dégradation de la situation humanitaire.

Outre la suspension des pourparlers commerciaux, le Royaume-Uni a annoncé des sanctions ciblées contre trois figures de la colonisation en Cisjordanie, dont Daniella Weiss, une dirigeante de la mouvance radicale, ainsi que deux organisations accusées d’incitation à la violence. Ces mesures incluent des interdictions de voyage et un gel des avoirs. L’ambassadrice israélienne a été convoquée pour exprimer officiellement la désapprobation de Londres face à l’escalade à Gaza.

La réaction israélienne ne s’est pas fait attendre. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé une « obsession anti-israélienne » du Royaume-Uni, minimisant l’importance des négociations commerciales. Selon un porte-parole, « les pressions extérieures ne détourneront pas Israël de sa voie, qui est de défendre son existence ». Pourtant, ce geste britannique s’ajoute à une série de ruptures symboliques et concrètes entre Israël et ses partenaires traditionnels.

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L’Union européenne s’interroge, les États-Unis s’éloignent

Sur le continent européen, l’Union européenne a également réagi. Dix-sept États membres, dont la France, soutiennent désormais une révision de l’accord d’association avec Israël, en vertu de l’article 2 qui impose le respect des droits de l’homme comme condition de coopération. La Commission européenne a été saisie pour vérifier si Israël se conforme toujours aux engagements démocratiques et juridiques qui fondent cet accord.

La Suède, par la voix de sa ministre des Affaires étrangères Maria Malmer Stenergard, appelle même à des sanctions contre des ministres israéliens favorables à la colonisation illégale. « Nous devons encore hausser le ton », a-t-elle déclaré à l’AFP. Cette dynamique européenne marque un tournant : Israël, longtemps protégé de toute sanction par ses partenaires occidentaux, voit aujourd’hui ses choix politiques remis en cause.

Du côté américain, l’évolution est encore plus significative. Donald Trump, en visite au Moyen-Orient, a ostensiblement évité Israël lors de sa tournée. L’ancien président a conclu des discussions avec l’Iran à Oman, levé les sanctions contre la Syrie, et mené des pourparlers avec le Hamas via le Qatar sans en informer Tel-Aviv. Une série de gestes interprétés comme une mise à distance volontaire de Netanyahou. Plusieurs analystes soulignent que Trump, qui se sent trahi par le Premier ministre israélien après le refus d’un cessez-le-feu proposé en janvier, pourrait ne plus considérer Israël comme un allié inconditionnel.

Netanyahou face à l’isolement politique et diplomatique

Ce basculement diplomatique s’accompagne d’une crise intérieure pour Benyamin Netanyahou. Sa gestion de la guerre, perçue par une partie de la population israélienne comme priorisant des objectifs politiques sur le sort des otages, accentue sa perte de crédibilité. Les familles des captifs dénoncent ouvertement l’absence de stratégie pour leur libération et la poursuite des bombardements, qui ont déjà coûté la vie à plusieurs d’entre eux.

En janvier dernier, une proposition de cessez-le-feu de cinq à sept ans, assortie de la libération immédiate de tous les otages, avait été transmise par l’intermédiaire du Qatar. Elle a été rejetée par Israël. Depuis, seules cinq personnes ont pu être secourues sur les quelque 250 otages recensés. Cette intransigeance alimente le mécontentement populaire et isole davantage Netanyahou, même au sein de sa propre coalition, déjà fragilisée par les positions de l’extrême droite.

« Il est évident que cette guerre est aussi une stratégie de survie politique pour le Premier ministre », commente Koert Debeuf, professeur à la VUB. « Mais le coût humain et diplomatique devient insoutenable. »

En visite officielle en Arabie saoudite mardi 13 mai, l’ancien président américain Donald Trump a rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), dans le cadre de sa tournée au Moyen-Orient.

Une situation humanitaire à Gaza qui atteint un seuil critique

Sur le terrain, la situation dans la bande de Gaza atteint un niveau d'urgence humanitaire sans précédent. L’opération israélienne baptisée « Chariots de Gédéon » a provoqué de nouveaux bombardements massifs sur des zones densément peuplées, entraînant la mort de centaines de civils ces derniers jours. Les évacuations imposées par l’armée sont jugées irréalistes et inapplicables, dans un territoire où les infrastructures sont en ruine et la population épuisée par des mois de siège et de pénurie.

Selon les Nations Unies, environ 14 000 nouveau-nés seraient actuellement en danger de mort en raison du manque d’accès à l’eau potable, à la nourriture et aux soins médicaux de base. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé « un cauchemar humanitaire qui bafoue toutes les règles du droit international ». Il appelle à un cessez-le-feu immédiat, sans que cela ne semble infléchir la position de Netanyahou.

Les rares convois humanitaires qui parviennent à entrer dans Gaza sont insuffisants pour répondre aux besoins. Les ONG sur place alertent sur le risque imminent de famine et de propagation de maladies infectieuses, notamment parmi les enfants et les personnes âgées.

Vers une bascule du consensus occidental ?

La suspension des négociations commerciales par le Royaume-Uni, le réexamen de l’accord d’association par l’UE, l’évolution de la position américaine sous Trump, les critiques croissantes d’anciens soutiens traditionnels : autant de signes convergents d’un effritement du consensus international autour d’Israël. Pour la première fois depuis longtemps, les appels à des sanctions concrètes — y compris contre des personnalités politiques — trouvent un écho au sein des chancelleries occidentales.

Cette dynamique de rupture traduit une évolution profonde du regard porté sur le conflit israélo-palestinien, notamment au sein des opinions publiques. La couverture médiatique plus critique, les mobilisations citoyennes et les divisions internes à plusieurs gouvernements occidentaux accélèrent cette tendance.

Rien n’indique pour l’instant un renversement politique en Israël, mais le gouvernement Netanyahou semble de plus en plus seul. Face à une situation humanitaire catastrophique à Gaza, à la pression grandissante des familles d’otages et à une communauté internationale qui remet en question son partenariat, le Premier ministre israélien s’enfonce dans une posture d’isolement diplomatique et de rejet des compromis.

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