
La Commission européenne envisage d’imposer des frais de 2 euros sur chaque petit colis importé dans l’UE. Une réponse à l’afflux massif de colis venus de Chine, à la pression sur les douanes et à la concurrence jugée déloyale pour les commerçants européens.
La Commission européenne a proposé l’instauration d’un prélèvement de 2 euros sur chaque petit colis importé dans l’Union européenne, en particulier ceux d’une valeur inférieure à 150 euros. Cette mesure, annoncée mardi 14 mai 2025 à Bruxelles par le commissaire européen au commerce Maros Sefcovic, cible principalement les plateformes de e-commerce comme Shein, Temu ou encore AliExpress, qui inondent le marché européen de produits à bas coût, souvent en provenance directe de Chine.
En 2024, l’UE a enregistré environ 4,6 milliards de ces envois, soit plus de 145 paquets par seconde. Parmi eux, 91 % venaient de Chine. Rien qu’en France, ce sont près de 800 millions de petits colis qui ont été livrés. Selon la Commission, ce flux a mis à rude épreuve les capacités des services douaniers, qui peinent à effectuer des contrôles sanitaires, de conformité et de sécurité à la hauteur des exigences européennes.
Ce droit forfaitaire de 2 euros par colis ne serait pas à proprement parler une « taxe » selon Maros Sefcovic, mais un « frais de gestion destiné à couvrir les coûts croissants supportés par les douanes ». Il s’agirait d’une mesure de régulation logistique autant qu’économique.
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Ce nouveau dispositif fait suite à une volonté exprimée dès février 2024 par la Commission de supprimer l’exonération de droits de douane pour les envois de moins de 150 euros. Cette exemption, instaurée en 2010, était à l’origine censée faciliter les petits achats à l’international. Mais elle est aujourd’hui jugée obsolète à l’heure du commerce ultra-rapide et des plateformes chinoises capables d’expédier à bas coût des millions de produits sans contrôle réel.
Outre la surcharge administrative, Bruxelles pointe plusieurs effets délétères de ce régime : risques pour la santé publique à cause de produits non conformes, empreinte carbone élevée du transport fragmenté, et distorsion de concurrence au détriment des commerçants européens. Les petits commerçants, en particulier les PME, se trouvent souvent désavantagés par rapport à ces géants du e-commerce qui contournent les règles de TVA et de conformité grâce à cette exonération.
En rétablissant un coût minimal à l’entrée, même symbolique, la Commission espère à la fois soulager les services de contrôle et restaurer une forme d’équité entre les vendeurs européens et leurs concurrents asiatiques.
Une initiative soutenue par la France dans un climat de tensions commerciales
La proposition européenne rejoint une demande formulée par la France fin avril 2025. Paris plaidait alors pour la création de « frais de gestion » pour chaque colis entrant sur le territoire européen. Ce soutien s’inscrit dans un contexte où les autorités françaises, comme celles d'autres États membres, expriment de plus en plus leur inquiétude face à l’essor incontrôlé des livraisons directes depuis l’Asie.
La Commission espère que cette nouvelle taxation permettra de dégager des ressources affectées directement au budget européen, tout en renforçant la capacité de l’Union à faire respecter ses normes sanitaires et environnementales.
Dans un contexte global de recomposition des échanges, cette mesure européenne s'inscrit dans une logique de réarmement économique. Elle répond aussi indirectement aux nouvelles tensions commerciales impulsées par les États-Unis sous l’administration Trump. Washington a récemment renforcé les droits de douane sur de nombreux produits importés de Chine, dont les colis à faible valeur, accusant Pékin de dumping et de concurrence déloyale.

Shein, Temu et l’essor de la fast fashion : un modèle sous pression
Parmi les acteurs visés, Shein incarne parfaitement ce modèle de commerce transfrontalier agressif. Fondée en Chine, l’entreprise réalise aujourd’hui plus de 30 % de son chiffre d’affaires sur le marché européen. En 2023, Shein a expédié plus de 500 millions de colis vers l’Europe, selon les estimations du secteur. Ces colis, souvent constitués de vêtements à très bas prix, échappent largement à la réglementation européenne sur les produits textiles.
Le modèle de la fast fashion, au cœur de cette problématique, repose sur une production massive, rapide, et à faible coût. Il génère d'importants volumes de transport international, contribue aux émissions de gaz à effet de serre, et encourage la surconsommation. Plusieurs ONG européennes dénoncent également le non-respect des droits sociaux dans les chaînes d’approvisionnement.
En Europe, de nombreux commerçants indépendants, notamment dans le prêt-à-porter, subissent de plein fouet cette concurrence. Face à ces défis, l’introduction d’un prélèvement pourrait offrir une première réponse concrète.
Réactions mitigées et prochaines étapes législatives
Du côté des plateformes concernées, peu de réactions officielles ont été enregistrées à ce stade. Des analystes anticipent toutefois un possible report du coût sur le consommateur final, ce qui pourrait entamer l’attractivité tarifaire de ces services.
Les États membres devront encore débattre et valider cette proposition dans les semaines à venir. Un consensus pourrait être difficile à atteindre tant les intérêts diffèrent selon les pays. Certains États d’Europe centrale, dont les consommateurs sont friands de produits à bas prix, pourraient freiner l’adoption du texte. D’autres, comme l’Allemagne ou la France, plaident au contraire pour une régulation renforcée du commerce électronique.
La proposition pourrait entrer en vigueur dès 2026 si elle est adoptée dans sa forme actuelle. Elle marquerait un tournant majeur dans la politique commerciale de l’Union européenne vis-à-vis de l’Asie, et plus largement dans sa stratégie de souveraineté économique.
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